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Irak: l'exécutif kurde demande la "compréhension" de son allié américain


Dimanche 7 octobre 2007 à 14h57

BAGDAD, 7 oct 2007 (AFP) — La région autonome du Kurdistan irakien a appelé dimanche les Etats-Unis à la "compréhension" après la signature de contrats pétroliers et gaziers malgré l'opposition du gouvernement central à Bagdad.

"Le gouvernement kurde a signé depuis août huit contrats de partage de production avec des compagnies pétrolières et gazières internationales", a expliqué le Premier ministre kurde Nechirvan Barzani dans une tribune mise en ligne sur le site internet du gouvernement autonome du Kurdistan (nord).

"Nous avons été profondément déçus de la réaction négative de nombreux responsables à Bagdad", a-t-il déploré. Mais "nous espérons que nos amis aux Etats-Unis comprendront qu'il ne s'agit pas d'une tentative d'usurper les ressources pétrolières de la nation, mais plutôt de faire avancer le processus" en vue de l'adoption du projet de loi sur le pétrole.

"Nous avons fait de notre mieux pour être un allié loyal des Etats-Unis, soutenant presque toutes les initiatives majeures et les décisions des Etats-Unis en Irak, dont certaines étaient pourtant contraires à nos intérêts", a expliqué M. Barzani.

"Nous continuerons à faire ainsi car nous pensons qu'il n'y a pas d'alternative au maintien de la présence américaine en Irak", a-t-il dit. "Nous voulons que les Américains restent en Irak, et nous avons besoin de l'aide américaine. En réponse à notre loyauté, nous demandons de la compréhension".

Le gouvernement kurde a signé ces huit contrats après l'adoption début août par le Parlement régional kurde d'une nouvelle législation sur le pétrole et le gaz.

Le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani a jugé ces contrats "illégaux". Plusieurs responsables américains ont critiqué l'empressement du gouvernement autonome kurde, alors que le Parlement irakien doit adopter une nouvelle loi sur le partage des revenus du pétrole.

Considérée par Washington comme un point essentiel pour la réconciliation nationale, cette loi vise à partager équitablement les revenus du pétrole entre les 18 provinces, et à faciliter les investissements étrangers.

C'est l'un des dossiers les plus sensibles dans ce pays qui abrite les troisièmes réserves mondiales d'or noir.

Après avoir donné son accord à une première version du texte, le gouvernement kurde autonome s'est dit hostile à ce projet en raison d'un amendement stipulant que "les contrats d'exploration de pétrole seront du ressort du gouvernement central".

L'exécutif kurde y voit une perte de ses prérogatives.

"En 2003, nous avons choisi volontairement de continuer à faire partie de l'Irak (...). Mais cela signifie-t-il que nous devons être ramenés en arrière par le chaos et le bain de sang qui dominent dans le reste du pays?" s'interroge le Premier ministre kurde.

"Nous avons attendu cinq mois que les députés irakiens adoptent le projet de loi sur le pétrole, ils n'ont rien fait et il n'y a pas de signe qu'ils vont le faire rapidement", a-t-il également dit.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.