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Allemagne: perpétuité pour l'auteur d'un crime dit d'honneur


Mercredi 16 mai 2012 à 18h58

BERLIN, 16 mai 2012 (AFP) — Un jeune Kurde de 22 ans a été condamné mercredi à la perpétuité par un tribunal allemand pour le meurtre de sa soeur de 18 ans, dont il désapprouvait la liaison avec un Allemand, un acte qu'il avait reconnu au début de son procès, a annoncé l'agence allemande DPA.

"Une jeune femme voulait être heureuse. Mais sa famille ne pouvait le supporter", ont expliqué les juges dans leur verdict.

Ils ont qualifié le meurtre de "crime d'honneur", tout en rappelant que les gens qui vivent en Allemagne doivent en respecter les valeurs et non celles de leur pays d'origine.

Osman Özmen, frère aîné de la victime, avait reconnu au premier jour d'audience être l'auteur des coups de feu mortels qui ont tué sa soeur, Arzu.

Celle-ci avait été enlevée au domicile de son petit ami le 1er novembre dernier et retrouvée morte dix semaines plus tard, à la mi-janvier, près de Hambourg (nord).

Arzu avait été rouée de coups à plusieurs reprises par sa famille et notamment par Osman. Elle avait même trouvé refuge une fois dans un foyer pour femmes battues et avait porté plainte contre son père et son frère.

Sirin, la soeur de la victime, âgée de 27 ans, et Kirer, un frère de 25 ans, ont été condamnés à dix ans de prison pour enlèvement et séquestration, ainsi que pour complicité de meurtre, alors que le procureur avait requis la perpétuité pour ces deux accusés aussi.

Deux autres frères, Elvis, 21 ans, et Kemal, 24 ans, ont été condamnés à cinq ans et demi pour enlèvement et séquestration. Le ministère public avait demandé le double.

Les avocats d'Elvis, de Kirer et d'Osman ont annoncé qu'ils allaient faire appel, a indiqué DPA, alors que le parquet va d'abord étudier le jugement.

La famille appartient à une secte kurde, les Yézidis, qui refusent les mariages hors de leur communauté, et elle n'acceptait pas la relation entre Arzu et un Allemand. Selon Sirin, la famille voulait "laver le cerveau" de la jeune femme.

Le père de la victime, également accusé dans cette affaire, sera jugé séparément.

Il n'existe pas de statistiques sur le nombre de crimes dits d'honneur commis en Allemagne mais, selon l'organisation d'aide aux victimes Papatya, 45 cas se sont produits en Allemagne entre 1996 et 2004.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.