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Turquie: le parti prokurde appelle à l'arrêt de l'offensive d'Afrine


Jeudi 22 février 2018 à 13h59

Istanbul, 22 fév 2018 (AFP) — Le principal parti prokurde de Turquie a appelé jeudi à l'arrêt de l'offensive contre une milice kurde à Afrine en Syrie, soulignant son rôle dans la lutte antijihadiste, et dénonçant le "mensonge" d'Ankara sur l'absence de victimes civiles dans l'enclave.

"La Turquie n'a rien à gagner de l'opération d'Afrine", a déclaré lors d'une conférence de presse Pervin Buldan, élue le 11 février coprésidente du Parti démocratique des peuples (HDP).

L'offensive, lancée le 20 janvier par l'armée turque et ses supplétifs rebelles syriens, vise à déloger de l'enclave d'Afrine les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara en raison de ses liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla sanglante sur le sol turc.

Mais les YPG sont aussi alliées des Etats-Unis, dont ils sont devenus le principal fer de lance dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie.

"Le monde sait que les YPG font partie des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui ont combattu l'EI. Nous croyons que les FDS doivent être partie prenante dans tout règlement en Syrie", a renchéri Sezai Temelli, l'autre coprésident du parti.

Mme Buldan a en outre dénoncé comme un "mensonge" les affirmations du gouvernement turc sur l'absence de victimes civiles lors de l'offensive turque, comme l'a répété jeudi son porte-parole Bekir Bozdag, selon lequel "aucun civil n'a saigné du nez" à Afrine.

"De nombreux civils sont morts à Afrine, y compris des femmes et des enfants. Le gouvernement se livre à la désinformation en assurant qu'il y a pas eu de morts civils et que seuls des +terroristes+ ont été tués. C'est un mensonge", a-t-elle dit.

"En Turquie, nous voyons aussi de nombreux cercueils de soldats turcs tués. Pour ces raisons, l'opération d'Afrine doit s'arrêter", a-t-elle ajouté.

La position du HDP sur l'offensive d'Afrine tranche avec le consensus dont elle fait l'objet dans le pays, où partis politiques, médias et dignitaires religieux parlent à l'unisson, sur fond de rhétorique nationaliste matraquée par les dirigeants turcs.

Plus de 200 combattants pro-Ankara et 209 membres des YPG ont été tués depuis le début de l'opération, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui fait aussi état de 112 civils tués, ce qu'Ankara dément.

Trente-deux soldats turcs ont également été tués, selon l'armée.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.