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Syrie: des forces prorégime à Afrine "dans les prochaines heures" (média d'Etat)


Lundi 19 février 2018 à 17h17

Damas, 19 fév 2018 (AFP) — Des forces progouvernementales en Syrie pourraient entrer lundi dans la région d'Afrine après des discussions avec les forces kurdes, pour tenter de mettre fin à l'offensive meurtrière de la Turquie contre cette enclave du nord-ouest du pays.

L'armée turque, appuyée par des rebelles syriens, mène depuis un mois une offensive contre cette zone pour en chasser les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

"Les forces populaires vont arriver à Afrine dans les prochaines heures pour soutenir ses habitants contre l'attaque du régime turc", a indiqué l'agence de presse officielle syrienne Sana.

Elles vont "se joindre à la résistance contre l'agression turque", a ajouté Sana, précisant qu'il s'agit de "défendre l'unité territoriale et la souveraineté de la Syrie".

Plusieurs heures après l'annonce faite par l'agence de presse syrienne, aucun déploiement n'a été constaté sur le terrain, par des correspondants de l'AFP. Des médias d'Etat syriens étaient présents dans la région.

L'agence SANA n'a pas fourni de détails sur la composition des "forces populaires" ni mentionné de déploiement de l'armée régulière syrienne dans cette région du nord-ouest.

Damas a dénoncé l'"agression" d'Ankara à Afrine mais n'a jamais explicitement déclaré qu'elle interviendrait.

Le porte-parole des YPG, Birusk Hasakeh, n'était pas en mesure de confirmer dans l'immédiat le déploiement de forces progouvernementales syriennes lundi.

- 'Aucun problème' -

En 2012, après le retrait des forces prorégime de la zone, Afrine est devenue la première région kurde en Syrie à échapper au contrôle du pouvoir central.

Mais des négociations sont en cours pour un retour potentiel des forces progouvernementales dans l'enclave, selon des responsables.

"Des discussions ont lieu sur le plan militaire", a affirmé dimanche à l'AFP le coprésident du Conseil exécutif d'Afrine, Heve Moustafa.

La semaine dernière, le commandant des YPG, Sipan Hamo, avait déclaré que ses forces n'avaient "aucun problème" avec une intervention militaire du régime syrien "pour défendre Afrine (...) face à l'occupation turque".

Les autorités kurdes restent elles vagues sur le type de déploiement qu'elles accepteraient à Afrine.

- Imbroglio d'enjeux -

L'offensive menée par la Turquie depuis le 20 janvier a mis en relief les intérêts complexes et divergents des différentes puissances engagées dans le conflit syrien, qui dure depuis sept ans.

Depuis 2011, la Turquie a soutenu les rebelles syriens pour combattre les troupes gouvernementales, les jihadistes et les YPG.

Ankara considère les YPG comme le bras syrien du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection armée de trois décennies contre le pouvoir central turc.

Mais les Etats-Unis - alliés de la Turquie au sein de l'OTAN - ont noué une alliance avec les YPG pour combattre l'EI.

La Russie, principale alliée du régime de Bachar el-Assad, avait également soutenu les YPG à Afrine, en entraînant les forces kurdes avant de se retirer au début de l'offensive turque.

Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont discuté de l'offensive d'Afrine lors d'un appel téléphonique, a indiqué le Kremlin, sans fournir plus de détails.

Ces discussions sont intervenus alors que la Turquie affirmait préférer voir les troupes du régime à Afrine plutôt que les YPG.

Lundi, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu,a toutefois mis en garde contre toute intervention des forces progouvernementales syriennes aux côtés des milices kurdes à Afrine, affirmant qu'elle n'empêcherait pas Ankara d'y poursuivre son offensive.

"Si le régime entre pour nettoyer (la région) du PKK/YPG, il n'y a pas de problème (...)". En revanche s'il intervient "pour protéger les YPG, personne ne pourra arrêter la Turquie ou les soldats turcs", a déclaré M. Cavusoglu.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.