Début du procès de quatre ex-députés kurdes à Ankara

ANKARA, 28 mars (AFP) - 9h13 - Le nouveau procès de quatre anciens députés kurdes, dont Leyla Zana, emprisonnés depuis 1994 pour aide aux rebelles kurdes de Turquie, a débuté vendredi matin devant une Cour de sûreté (DGM) d'Ankara.

Près de 200 policiers, dont des unités anti-émeutes, avaient été mobilisés pour l'occasion au palais de justice de la capitale turque, a-t-on constaté.

Deux députés du parlement européen assistaient à l'ouverture du procès.

Mme Zana et trois autres députés --Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak-- avaient été condamnés à 15 ans de prison.

La Cour européenne des droits de l'Homme avait jugé leur procès inéquitable et le Conseil de l'Europe a demandé à Ankara de réviser leur procès.

Le parlement turc, dans le cadre de mesures destinées à favoriser le rapprochement du pays avec l'Union européenne, avait adopté en janvier une loi autorisant de nouveaux procès pour les prévenus dont les sentences ont été condamnées par la Cour de Strasbourg.

La Turquie est candidate depuis 1999 à l'UE. Celle-ci devra se prononcer fin 2004 sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec Ankara, en fonction des progrès réalisés dans les réformes par les autorités turques.

La Commission européenne a indiqué jeudi suivre de "très près" ce procès.

"Nous voulons un procès équitable car la procédure juridique en 1994 n'était pas équitable et les droits de la défense avaient été violés à l'époque", a affirmé Luigi Vinci, un député italien du parlement européen présent pour le procès.

"Nous souhaitons que la Turquie puisse démontrer par ce procès son intention de se conformer aux normes démocratiques européennes", a-t-il ajouté peu avant l'ouverture du procès.

Feleknas Uca, députée allemande au parlement européen, s'est pour sa part félicitée des réformes récemment adoptées par le parlement turc, estimant toutefois qu'elles doivent être mises en pratique.

Le parlement turc a autorisé l'été dernier la diffusion d'émissions radio-télévisées en langue kurde, ainsi que l'enseignement, dans des écoles privées, de cette langue. La diffusion d'émissions n'a toutefois pas commencé.

La question kurde est particulièrement sensible en Turquie, pays qui compte plus de 10 millions de Kurdes mais qui ne les reconnait pas en tant que minorité nationale.

Début mars, la justice turque a interdit un parti kurde, le Hadep, et a appelé à l'interdiction d'un parti frère, le Dehap, estimant qu'ils portaient atteinte à l'unité du pays et appuyaient les activités clandestines du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek), une organisation illégale qui a mené pendant 15 ans une guérilla séparatiste dans le sud-est du pays.